Comment battre la roulette en équipe ?

D’après Pierre Morichau de l’ENSAE, inverser la martingale de Labouchère permet de battre la roulette en jouant en équipe.

La plus simple des martingales consiste à jouer toujours la même couleur, et rien d’autre, en doublant le montant de la mise à chaque perte. Lorsque la bonne couleur sort enfin, on récupère la totalité des pertes plus une unité… pas vraiment la plus rentable des techniques, celle-ci est de plus limitée par le fait que les casinos imposent une limite de mises maximales, un plafond qui atteint en France 200 fois la mise unitaire : Après huit coups perdants, vous devriez miser 2^28, soit 256 fois la mise unitaire.

De plus, une série monochrome de dix n’est pas rare, et tous ces efforts ne serviraient qu’à gagner UNE unité.

Jouer à deux pour augmenter le plafond de mises

Une solution qui apparait alors serait de jouer à deux pour se libérer de cette mise maximale, en misant de manière à se compenser les uns les autres, mais cela interdit. En calculant, en jouant à deux, cela ne vous ferait d’ailleurs gagner qu’un seul tour, avec obligation de partager avec lui votre éventuel gain : solution peu rentable.

Treize contre la banque

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En 1966, Norman Leigh forme une équipe de douze joueurs et part à l’assaut des tables de roulette de Nice. Ce livre palpitant est étonnamment détaillé et fournit de nombreux détails sur le jeu de la roulette. Ecrit comme un roman, nombreux sont ceux qui ont pris cette histoire pour une oeuvre de fiction : il n’en est rien ! Utilisant la technique de Labouchère inversée, ils ont fait sauter la banque dans de nombreux casinos jusqu’à ce qu’ils soient détectés et bien évidement interdits de casino.

Inverser la martingale de Labouchère

Henry Labouchère était un politicien qui inventa une martingale que Norman Leigh eut l’idée d’inverser pour battre la roulette en jouant en équipe. En effet, dans un système de mises classique, le joueur augmente sa mise si il perd, améliorant ainsi les chances du casino : il s’agit ici de faire le contraire et de jouer systématiquement et simultanément sur le rouge et sur le noir, mais en jouant davantage sur la couleur qui sort que sur l’autre en augmentant sa mise quand il gagne et en la réduisant quand il perd.

Le joueur mise alors réellement sur le fait qu’une roulette même parfaite ne produit pas exactement autant de rouge que de noir dans une même soirée. Ce système fonctionne dès qu’une couleur sort plus que l’autre. S’il y a exactement autant de rouge que de noir, le joueur ne gagne ni ne perd rien, si ce n’est lorsque le zéro sort, ce qui est peu par rapport aux gains.

Le système de mises de Norman Leigh, ou progression de Labouchère inversée, consiste pour le joueur à définir une série en début de partie, prenons les quatre nombres 1, 2, 3 et 4 dans cet ordre. Le joueur additionne les extrêmes, soit 1 + 4 = 5 et mise donc 5 unités sur une couleur, toujours la même. Lorsqu’il gagne, il recommence l’addition des extrêmes. S’il gagne tout de suite et continuellement, il joue 5, puis 6, puis 7, etc. S’il perd, il efface les nombres extrêmes et joue le dernier nombre non effacé de sa colonne, donc il joue moins que ce qu’il vient de perdre. Donc s’il perd tout de suite et continuellement, il joue 4, puis 3, etc.

Jeu en équipe avec le système de Labouchère pour battre la roulette

Norman Leigh jouait avec deux équipes de six joueurs qui se relayaient autour d’une même roulette, un joueur par bande. Chacun joue indépendamment, ils ne jouent donc pas en groupe, ils n’enfreignent pas cette règle du casino, par contre ils mettent le résultat de leur soirée au casino en commun, ce qui n’est pas interdit.

Jouer en équipe est indispensable pour couvrir toutes les bandes, un joueur seul ne peut arriver à faire ces calculs, ramasser les gains et placer ses mises pour chaque bande par lui-même le tout en moins de deux minutes : au casino, il y a au moins 30 tirages par heure.

Mais alors, comment se fait-il que les casinos existent encore ?

Il s’agit d’argent gagné péniblement, c’est un système extrêmement difficile à mettre en oeuvre et à suivre, en particulier dans la réalité, dans un vrai casino bondé où les distractions sont pléthoriques.

Cet article est inspiré de l’article « Labouchère est un bon coup » par Pierre Morichau (1967) de l’ENSAE (Ecole Nationale de la Statistique et de l’Administration Economique).

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